Une étude qui devait s’étendre sur deux années


En 1994, Alain Kim (Photo 1), naturaliste, me propose d’évaluer l’abondance du peuplement ophidien des remparts de Brouage. L'objectif de la démarche est d’apporter des éléments en faveur d’une politique de protection de la faune inféodée aux remparts. Selon Alain qui connait le lieu depuis de nombreuses années, les murs de la citadelle abritent des populations importantes de Couleuvre vipérine, Natrix maura (Photo 2), de Couleuvre à collier, Natrix natrix (photo 4) et de Couleuvre verte et jaune, Hierophis viridiflavus (photo 3). J’ai, pour ma part, eu l’occasion de constater cette richesse au cours de quelques sorties faites en 1992. J’accepte, en proposant une approche scientifique à la démarche : les individus devront être capturés, mesurés, pesés, marqués puis relâchés. Il ne s’agit plus d’une simple évaluation mais d’un suivi de ces populations. L’étude débute le 3 avril 1995.


Photo 1:

Alain Kim


Elle doit s’étendre sur une période d’un an ou deux. A la fin de la deuxième année, l’importance quantitative des captures et en particulier celle des reprises, permet d’envisager une étude de croissance. Le sujet est intéressant mais nécessite un effort de longue durée. Etant indépendants, nous ne sommes pas soumis au diktat de la rentabilité. Rien ne limite le temps de nos recherches, sinon la motivation et le courage. Nous décidons de poursuivre.


Photo 2 : Natrix maura

(Couleuvre vipérine)


Photo 3 : Hierophis viridiflavus

(Couleuvre verte et jaune)


Photo 4 : Natrix natrix

(Couleuvre à collier)


Début 1998, une nouvelle collaboratrice, Hélène Nicolau (photo 5), se joint à nous. Fin 1999, après cinq années sur le terrain, nous décidons d’arrêter les recherches. En mai 2000, l’air pur de Brouage nous manque. Nous reprenons nos travaux. Fin 2001, cette fois-ci, c'est décidé, nous mettons fin à notre activité sur le terrain. Ce à quoi nous nous tenons, ou presque, car nous y retournons quelques jours en 2002. En mars 2003, une fin d’hiver particulièrement clémente nous incite à faire un petit tour à Brouage pour voir…. le tour se terminera en 2007. Quant aux années 2008 et 2009, elles seront essentiellement consacrées à la recherche des nouveau-nés, d’août à octobre.



Photo 5 : Hélène démontre que le balai n’a pas qu’un usage domestique


En 2012, nous retournons à Brouage pour prendre des photos destinées à illustrer le site. Nous repérons des Couleuvres verte et jaune. L’étude est terminée : il faut les laisser se reposer tranquillement. Bien que, et si elles étaient marquées…


A l’heure où nous initions l’exploitation des données, 971 sorties ont été effectuées. Elles ont permis de réaliser 8.604 captures. Elles représentent plus de 10.000 heures sur le terrain et 100.000 km de trajet entre Saintes et Brouage. Le coût de l’opération est entièrement supporté par les principaux participants.