Richesse du site


De 1995 à 2009, 971 sorties ont été effectuées. Elles ont permis la capture de 8.604 serpents (reprises incluses).


Trois espèces sont présentes sur le site : la Couleuvre verte et jaune, Hierophis viridiflavus (Photo 1), la Couleuvre vipérine , Natrix maura (Photo 2) et la Couleuvre à collier, Natrix natrix (Photo 3). Il faut noter la capture le 1er avril 2005, d'une femelle adulte de Vipère aspic, Vipera aspis, de 46 cm de longueur totale au mur n° 29. La présence de cet individu sur le site nous laisse quelque peu perplexe. Depuis ce jour aucune autre Vipère aspic n’a été revue.


    Photo 1 : Couleuvre verte et jaune                 (Hierophis viridiflavus)

                Jeune adulte

    Photo 2 : Couleuvre vipérine

              (Natrix maura)

Photo 3 : Couleuvre à collier

(Natrix natrix)


La première observation concerne le nombre de captures (8.603 après exclusion de la Vipère aspic). Bien que réparti sur une période de 15 ans, ce nombre met en valeur la richesse quantitative du peuplement ophidien de la citadelle de Brouage. Plusieurs facteurs expliquent cette abondance :


- Les remparts. Ils s’étendent sur près de 2.200 mètres et sont un gigantesque lieu d’hivernage pour les serpents mais également pour d’autres espèces animales. Certains murs sont d’importants lieux de ponte pour la Couleuvre vipérine, N. maura et la Couleuvre à collier, N. natrix. Les remparts abritent de nombreux Lézards des murailles, Podarcis muralis, principale source d'alimentation des nouveaux nés et juvéniles de Couleuvre verte et jaune ainsi que des petits batraciens, proies potentielles des jeunes de Couleuvre vipérine et Couleuvre à collier.


- Les marais. La citadelle est située au cœur de marais riches en rongeurs, alimentation de base des subadultes et adultes de la Couleuvre verte et jaune. Les canaux qui sillonnent les marais abondent en poissons et batraciens indispensables aux immatures et adultes de Couleuvre vipérine et Couleuvre à collier .


- Les nids communautaires. La présence de deux nids communautaires dont un très important, situés non loin des remparts, a largement contribué à l'extraordinaire proportion de nouveaux nés et de juvéniles dans notre échantillon.


  Groupes d'âge


Pouvoir définir le groupe d'âge auquel un individu appartient est important, les activités des serpents variant en fonction de leur appartenance à l'un ou l'autre de ces groupes.


Chez la Couleuvre verte et jaune quatre groupes d'âge peuvent être distingués :


  • les nouveaux nés : capturés entre la naissance et l’entrée en premier hivernage.

  • Les juvéniles : capturés au cours de l’année suivante.

  • Les subadultes : capturés entre la sortie du deuxième hivernage et l’atteinte de la maturité sexuelle.

  • Les adultes : individus ayant atteint la maturité sexuelle.


Chez la Couleuvre vipérine et la Couleuvre à collier, la distinction entre juvéniles et subadultes est parfois délicate, raison pour laquelle ces deux stades ont été groupés en un seul : les immatures.


  Répartition


Répartition des captures par espèce et groupe d’âge



La Couleuvre verte et jaune est l’espèce la plus fréquemment capturée (5579), suivie de la Couleuvre vipérine (2827). La Couleuvre à collier vient largement derrière (197). La répartition des captures par espèce et groupe d'âge est illustrée (Fig. 1). La surreprésentation de la Couleuvre verte et jaune s’explique par l’abondance des nouveaux nés (Fig. 1) et par un taux de reprises plus élevé. Si l’on ne tient compte que des individus marqués (individus différents), le nombre d’immatures et d’adultes est plus élevé chez la Couleuvre vipérine (Fig. 2). Un autre facteur qui explique le déséquilibre est la plus grande facilité avec laquelle on repère la Couleuvre verte et jaune dans les marais.


Répartition des captures par espèce et secteur


   Quelle que soit l’espèce considérée, la majorité des captures a été effectuée aux remparts (Fig. 3). Ce résultat s'explique par : des raisons naturelles (fortes concentrations de serpents en périodes de pré- et post-hibernation ainsi qu’en période de ponte pour la Couleuvre vipérine et la Couleuvre à collier) ; des raisons dépendantes de notre protocole (plus grand effort de prospection) et de notre technique (plus important taux de réussite de captures). A noter que 44% des captures faites aux remparts ont eu lieu la nuit, montrant ainsi l’intérêt de cette période pour notre récolte de données.

   

Nos balais, quoique insolites instruments de travail, nous ont permis d'effectuer 1.403 captures dans les zones 1 et 2 (respectivement 771 et 632). Les pièges disposés dans ces zones, souvent détruits, n’ont pas donné les résultats escomptés.

   

Les nids communautaires sont la grande originalité de ce site. 2.370 nouveaux nés et juvéniles (captures au printemps de nouveaux nés ayant hiberné au nid) en sont issus.


  H. viridiflavus vs N. maura





Les captures de Couleuvre à collier étant trop peu nombreuses, nous n’analyserons, dans la partie "résultats" que les données concernant la Couleuvre verte et jaune et la Couleuvre vipérine.  Les deux espèces se différencient par de nombreux points ce qui rend les comparaisons intéressantes. Le tableau ci-contre résume quelques-unes de ces différences, certaines étant spécifiques au site étudié.